jeudi 24 mars 2011

La politique du gnou



Si des expressions comme animal politique, bête politique, ou politique de l’autruche font partie des expressions couramment utilisées par tous. Une nouvelle expression ; propre au Maroc ; ne saurait tarder à faire son entrée dans le cercle très restreint des expressions ou la politique est associée à l’animal. Cette expression n’est autre que la politique du gnou.
 P
our survivre, les gnous ont besoin d’eau et d’herbe en abondance et tant qu’ils en disposent, ils se sédentarisent. Mais au fur et à mesure que s’installe la saison sèche, l’herbe des prairies commence à jaunir et les sources d’eau se tarissent. Les troupeaux ne peuvent plus attendre que la pluie revienne et partent alors à sa rencontre.
C’est exactement le même phénomène observé chez les députés marocains depuis la création du PAM.  Le PAM représente pour un certain nombre de députés marocains ce que représentent les plaines verdoyantes du Masaï Mara pour les gnous. L’appel des verts pâturages est tellement fort qu’il en devient irrésistible.
 Lors de leur migration, les gnous se rassemblent en grand nombre tandis que les députés, eux, préfèrent faire leur migration en catimini. Et si le gnou va à la rencontre de la pluie, le politique lui, migre à la recherche d’une place au soleil.
Les députés migrateurs, comme les gnous, ne résistent pas à l’appel de la promotion sociale et du vivre mieux, c’est plus fort qu’eux car ancré dans leurs gènes, quitte à trahir leurs engagements et leurs convictions les plus profondes. C ‘est ce qu’on appelle la politique du gnou.  
Le plus grand obstacle rencontré par les bovidés pendant leur long périple est la traversée de la rivière Mara, où des milliers de gnous périssent noyés ou étouffés à cause du haut débit de la rivière d’un côté et du très grand nombre de gnous qui traversent à la fois, de l’autre.  Le député migrateur  lui, ne rencontre pratiquement aucun problème lors de sa transhumance à part un certain article 5, interdisant ce genre de pratique chez les députés, mais celui-ci  est outrepassé magistralement par le député sans la moindre égratignure.
Enfin, rappelons aux partis politiques qui bénéficient de ce phénomène aujourd’hui, qu’une fois que le climat se gâte au Masaî Mara et que le temps devient menaçant, les gnous refont la migration en chemin inverse vers les plaines du Serengeti, qui en cette période, sont recouvertes d’un vert s’étendant à l’infini, synonyme de nourriture abondante.
NB : Je tiens à porter à la connaissance des gnous, que ce billet est une fiction, et toute ressemblance avec des personnages réels  n’est que pure coïncidence.
                                                                                  
                                                                                         Zitouni Imounachen 

mercredi 23 mars 2011

La France sans la grandeur

De grande nation pourvoyeuse de valeurs humanistes, de liberté d’expression et de justice sociale à travers le monde, la France du règne sarkozyste est en train de se replier sur elle-même et de virer dangereusement vers un nationalisme qui sent mauvais, où le racisme et la haine de l’autre avancent à visage découvert, et où le discours diabolisant l’autre a été totalement décomplexé. La campagne électorale du candidat Sarkozy avait comme thème central la rupture avec les politiques passées. Mais la seule rupture constatée depuis son élection est une rupture avec les valeurs qui ont fait la grandeur de la France. Comme un symbole de cette nouvelle ère, le ministre de l’Intérieur lui-même a été condamné en première instance pour injure raciale. Jamais l’immigration n’a été autant jetée en pâture sur la place publique et tenue pour responsable de tous les maux de la société française que lors du lancement du débat sur l’identité nationale par Eric Besson. La reconduite des Roms en Roumanie, dans un très grand show médiatique, et le rappel à l’ordre de la France par le parlement européen n’ont été que deux épisodes d’une très longue série d’événements ternissant l’image de l’Hexagone de par le monde. C’est ainsi que la France de Voltaire, de Sartre, de Victor Hugo et de Zola a laissé place à celle de BHL, d’Hortefeux, de Zemmour et de Finkelkraut. Le général De Gaulle a dit un jour que la France ne peut être la France sans la grandeur. Et si le gouvernement actuel n’a pas la même conception des choses que De Gaulle, la politique qu’il pratique trouve tout son sens dans une citation voltairienne affirmant que la politique a davantage sa source dans la perversité que dans la grandeur de l’esprit humain.

                                                                                                                         Zitouni Imounachen

mardi 22 mars 2011

L'homme expliqué aux femmes

                                                                                                                        
                                                                                                     

 

Leçon 1 : Pour que l’infidélité ne soit plus une fatalité
Derrière tout homme apparemment fidèle, il y a un polygame qui dort et
qui attend son heure. Méfiez-vous mesdames du traître et du fourbe qui
se cache derrière votre adorable moitié. Tant qu’il continue de respirer, tant que le semblant d’un vaisseau sanguin continue d’irriguer un quelconque organe, l’homme peut frapper à tout moment. D`ailleurs, le nombre d’hommes qui se marient à des âges très avancés n’est pas négligeable, et ceux parmi eux, qui ont eu des enfants alors qu’ils frôlaient le centenaire ne font pas exception.
Pour commencer, sachez mesdames que pour la majeure partie des
ethnologues, l’infidélité semble de mise dans le monde animal comme
chez l’homme, et la polygamie serait donc plus naturelle que la monogamie. Une étude ayant été réalisée sur un millier de sociétés de cultures différentes, a montré que seulement 15 % parmi elles étaient monogames.
Sachez aussi que par le passé, la majeure partie des sociétés ou l’homme était monogame étaient des sociétés de subsistance, ou l’homme n’avait pas les moyens d’entretenir plus d’une femme. L’autre raison qui expliquerait les rares cas de monogamie rencontrés chez l’animal (1%), toujours d’après ces mêmes ethnologues, serait l’assurance de la survie de leur progéniture, ce qui veut dire que le mâle est monogame quand la survie de ses petits exige sa propre implication. A partir de ce constat, se dégagent à l’évidence deux facteurs de risque majeurs qui peuvent précipiter votre homme chéri vers l’infidélité ou la polygamie: une ascension sociale fulgurante, ou le sentiment que les enfants n’ont pas vraiment besoin de lui pour leur épanouissement.
Pour éviter donc à votre mari toute mésaventure et l’aider à résister, à ce qui n’est finalement que l’expression naturelle de son côté animal, il faut tout mettre en oeuvre afin que son statut social ne s’améliore trop vite, et que ses réussites soient modestes. Il faut aussi l’impliquer dans l’éducation de ses enfants, leur scolarité, leur vaccination, leurs biberons nocturnes, le choix de leurs habits…etc.
Pour résumer, il ne faut pas lui laisser le temps de respirer, car au moindre répit, il risque fort de céder aux tentations qui le guettent en permanence.
Enfin, si malgré tout cela quelques pulsions infidèles se manifestent de temps à autre, sachez que cela ne signifie pas que quelque chose ne va pas dans votre union. Cela signifie tout simplement que votre conjoint appartient bien à l’espèce humaine.                  Zitouni. Imounachen

lundi 21 mars 2011

Charte télé-révolutionnaire

Les révolutions en cascade qui frappent le monde arabe ces derniers temps, nous obligent à observer quelques règles de bienséance afin que ces manifestations puissent se dérouler dans les meilleures conditions. Ci-dessous quelques recommandations afin de transformer votre révolution en spectacle télévisuel de grande qualité.
 
Recommandations aux révolutionnaires :

1-   Devant la multiplicité et le grand succès des révolutions dans les pays arabes, et pour permettre au citoyen arabe de suivre toutes ces révolutions à la télévision sans nuire à son confort ni a sa concentration. Une demande de candidature préalable est désormais obligatoire pour tout projet révolutionnaire. Les téléspectateurs arabes voteront par SMS, pour choisir la prochaine révolution sur la liste.
2-   Toute révolution qui commencerait alors que la précédente n’a pas encore abouti se verra sanctionnée et vouée à l’échec car privée de transmission télé.
3-   Pour préserver le confort du téléspectateur, il est recommandé aux pro-révolutions et aux anti-révolutions, communément appelés Baltajiya, de porter des tenues vestimentaires de couleurs différentes. Beaucoup de nos téléspectateurs se sont plaints de la confusion occasionnée par le non respect de cette règle.
Dans l’impossibilité d’application de cette règle, une des deux équipes devra manifester torse nue (un tirage au sort supervisé par l’ONU sera effectué pour trancher).
4-   Il faut penser à faire des pauses régulières afin que le téléspectateur puisse manger, boire ou passer quelques coups de fil, et surtout permettre à notre chaîne de passer quelques spots publicitaires.

Recommandations aux chefs d’état arabes :

 1-    Si la révolution est de très grande ampleur et parait irréversible, il est recommandé aux chefs d’état concernés de commencer directement par le troisième et dernier discours télévisé et de partir juste après. Faire durer le supplice ne fait qu’attiser la haine des révolutionnaires.

2-   Si la révolution est en marche mais ne réclame pas la tête du chef, il est vivement recommandé à celui-ci de se procurer dans les plus brefs délais la dernière édition du livre ``Démocratie pour les Nuls`` et de l’apprendre par cœur afin de commencer à l’appliquer.

3-   Pour les chefs d’état arabe non encore touchés par les contestations, on recommande vivement d’anticiper sur les événements pour faire des changements palpables vers plus de démocratie. En agissant ainsi, ils sauveront leur honneur, et éviteront à leurs peuples des confrontations et des destructions dont ils n’ont guère besoin.

                                                                     Zitouni. Imounachen
Plaidoyer d’un corrompu
Au Maroc, la corruption est plus qu’un phénomène de société, elle est devenue une institution. D’ailleurs, très peu de gens peuvent se targuer de n’avoir jamais eu recours à cette pratique qui fait désormais partie de nos us et coutumes.
Elle est tellement ancrée en nous, que la perspective de son éradication me donne froid au dos. Je n’arrive pas à concevoir un quelconque rapport avec le Moqadem, le Caïd, le policier, le gendarme, et autres agents de l’autorité que via le prisme corrupteur-corrompu. Du coup, un Maroc sans corruption est une affaire qui m’angoisse au plus haut point. Mais avant de juger injustement ce phénomène de société, prenons le temps de penser à certains de ses avantages.
Tout d’abords, ce fléau a le mérite de ne pas être discriminatoire, il est justement réparti dans toutes les couches de la société. La corruption s’est même hiérarchisée au point qu’aujourd’hui il ne faut surtout pas confondre le corrompu à col blanc et le corrompu à chaussettes trouées, car ca serait manquer de respect au premier.
Ensuite, la corruption au Maroc permet de repousser les limites du réalisable et du légal, et c’est grâce à elle que le  
« yes, we can » purement américain, peut se conjuguer aujourd’hui à la marocaine.
Coté relationnel, la corruption rend les ambiances dans nos administrations plus chaleureuses et plus humaines. Elle permet aux plus faibles de prendre leur revanche sur les hauts fonctionnaires dont l’arrogance n’a d’égal que leur cupidité, et qui devant quelques billets se métamorphosent à vue d’œil de fauve rugissant en chaton ronronnant.
Coté économique et social, la corruption permet à bien des personnes d’arrondir leurs fins de mois. Et si elle se contente de subvenir aux besoins alimentaires des uns, elle permet en revanche à d’autres d’accéder à l’opulence.
Devant tant de points positifs, vouloir lutter contre ce phénomène sans rien faire pour l’enseignement, qui arrive 135éme mondial, relève d’une corruption de l’esprit de synthèse de nos dirigeants. Parole de corrompu.